Extrait n°2 Les Cordelames

08/06/2021

- C'est quand ton vernissage ?

- Ce soir, à 19 heures. Alors ?

Laurene me met la pression, elle ne me lâchera pas tant que je n'aurai pas répondu.

- Si j'ai fini je t'accompagnerai.

- Cool, tu ne le regretteras pas.

Ah ça, j'imagine bien le « beau monde » présent à ce vernissage : étalage de fric, rombières siliconées, liftées, grimées, fagotées grands couturiers, les hommes au look d'intello alcoolique à lunettes, dégarnis, ventripotents, la lèvre molle et le regard chafouin... À ce moment précis, je n'ai vraiment pas envie de me mêler à cette faune qui se veut élitiste mais je réserve ma décision, je verrai bien si je change d'avis d'ici là.

Il faut dire que je connais, pour l'avoir un peu fréquenté, ce milieu bien-pensant et argenté qui pense aux pauvres en buvant du champagne, qui ne conçoit pas qu'on puisse vivre sans s'intéresser à l'art, ou même qu'on puisse être pauvre et se priver de tout ce qui épanouit l'être.

Je me souviens de Sergio que j'avais rencontré à un vernissage, lui-même artiste d'art brut. Il m'avait expliqué que l'art brut avait été conçu comme une thérapie pour des patients psychiatriques, d'ailleurs c'est en HP que Sergio l'avait découvert, testé et approuvé. Ce qu'il aimait dans l'art brut c'était cette entière liberté de création sans formation, sans références, sans école et sans appartenance à aucun courant. La liberté de création totale. Excentrique dans ses explications, il m'avait séduite car il était en marge de la société de consommation ; il disait « l'argent ne fait pas le bonheur car je suis heureux », pour ne pas dire qu'il était fauché.

Sheila Lileu
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